Compte rendu des Lettres Cabalistiques in : L'Année littéraire (éd. par Fréron), t. 7 (1755), p. 3-20:
LETTRE I.
Lettres Cabalistiques.
Dans le dessein, Monsieur, de donner une critique générale des peuples ancien & modernes, M. le Marquis d'Argens a imaginé de faire voyager un Juif & un Chinois qui entretiennent leurs correspondans de tout ce que l'Europe, l'Afrique & l'Asie leur offrent de plus singulier. C'est l'idée des Lettres Juives dont je vous ai parlé* & des Lettres Chinoises qu'on réimprime, & dont je ne tarderai pas à vous rendre compte. Quant aux peuples & aux hommes que nous ne connoissons que par l'histoire, l'auteur a cru devoir les
* Voyez l' Année Littéraire 1754, Tome V, pages 16, & 311.
3|4 introduire eux-mêmes sur la scène, & les faire parler les uns avec les autres comme s'ils étoient encore vivans. L'idée de deux Cabalistes en relation avec des Sylphes, des Gnomes & des Salamandres lui a paru propre à fournir les dialogues qui composent ses Lettres Cabalistiques , ou Correspondance philosophique , historique & critique , entre deux Cabalistes , divers Esprits Elémentaires , & le seigneur Astaroth : nouvelle édition , augmentée de nouvelles lettres & de quantité de remarques ; sept volumes in 12, petit format, imprimés à la Haye, & dont on trouve quelques exemplaires à Paris. L'auteur suppose qu'un fameux Cabaliste, qu'il appelle Abukibak , instruit son disciple Benkiber de tout ce que lui apprennent à lui-même des Esprits Elémentaires avec lesquels il est en commerce de lettres. Voici ce qu'il lui dit d'abord de ces sortes d'Esprits : la région du feu est le séjour des Salamandres ; des Sylphes voltigent dans les airs ; les Gnomes sont les gardiens des trésors renfermés dans le centre de la terre, & les Ondins vivent dans le fond des eaux. Leurs ames sont mortelles comme celles 4|5 des simples animaux : il est vrai qu'elles subsistent beaucoup plus long temps, & Dieu a permis que ceux d'entr'eux qui contracteroient alliance avec les hommes participeroient à l'immortalité. Ainsi une Nymphe ou une Sylphide devient immortelle, quand elle est assez heureuse pour se marier avec un sage ; un Sylphe ou un Gnome jouit du même bonheur, quand il épouse une de nos filles. Delà vient le desir extrême qu'ont ces Esprits de s'allier avec la nature humaine ; & les Cabalistes qui seuls ont la connoissance de tous ces mystères, renoncent sans peine au commerce des femmes, pour ne s'occuper qu'à immortaliser des Nymphes & des Sylphides. Comme celles-ci leur sont redevables d'un si grand avantage, l'excès du bienfait est un sûr garant de leur reconnoissance & de leur tendresse. Les Augustins , les Jérômes , les Ambroises ne se sont déclarés contre le mariage, que parce qu'ils connoissoient les mystères de la Cabale, & qu'après avoir desabusé les hommes du commerce des femmes, ils prétendoient leur faire rechercher la possession du sexe Elémentaire. C'est le plus grand bonheur qui puisse arriver à un sage que 5|6 de contracter une pareille alliance ; mais il est obligé de garder là-dessus un silence si rigoureux, que la moindre indiscrétion seroit punie avec la derniere sévérité. Homère , un des plus sçavans Cabalistes, nous apprend quel fut le triste sort d' Anchise pour avoir révélé la bonne fortune qu'il avoit eue avec la Nymphe Cithérée , citoyenne des ondes. Elle l'avoit bien averti de ne s'en pas vanter ; mais ce Prince fut indiscret, & un Sylphe, connu sous le nom de Jupiter , alloit lui ôter la vie, si la Nymphe, touchée du malheur de son amant, n'eût détourné le coup. L'ardeur du feu rendit le Prince foible & débile. Anchise passa le reste de sa vie dans une langueur dont il se plaint amèrement. Ovide ayant un jour surpris l'Empereur Auguste avec la Sylphide Hehugaste , eut l'imprudence de révéler le secret, & chacun sçait comment il en fut puni. Ce n'est-là, Monsieur, qu'une esquisse legère des principales extravagances contenues dans les livres Cabalistiques, & en particulier dans les Entretiens charmans du Comte de Gabalis , dont l'auteur n'a fait qu'extraire les endroits les plus plaisans.
Un des objets principaux de ces 6|7 lettres étant de faire connoître les peuples anciens, je commencerai par un parallèle assez heureux des Egyptiens, des Grecs, des Perses & des Romains, avec les espagnols, les Italiens, les François & les Anglois. Au langage près, dit Abukibak à son disciple, si un ancien Egyptien revenoit au monde & qu'il fût transporté en Espagne, il croiroit être dans sa première patrie. Il verroit de grands hommes maigres, secs & basanés ainsi que le sont tous les Egyptiens. Ceux-ci étoient entêtés de l'étude de leur théologie mystique ; ils regardoient avec une profonde vénération tout ce qui venoit de leurs Prêtres. Ils les considéroient comme les ministres infaillibles de la Divinité. Ils dédaignoient les autres nations sans les connoître & sans voyager jamais chez elles. Ils étoient fainéans, mangeoient peu, ajoûtoient beaucoup de foi aux sortiléges, aux maléfices, aux magiciens, aux astrologues, &c. Ils laissoient en mourant des biens considérables pour l'entretien de leurs Dieux ; l'Etat assignoit encore à ceux-ci des fonds qui rapportoient un revenu annuel ; on mettoit leurs portraits sur les drapeaux. Deux gouttes d'eau, continue 7|8 notre Cabaliste, ne sont pas plus semblables qu'un ancien Egyptien & un Espagnol moderne. Les Grecs aimoient les arts & les sciences ; ils excelloient dans la peinture & dans la sculpture ; mais ils étoient fins, souples, déliés, trompeurs, vindicatifs, idolâtres des spectacles, passionnés pour la musique, a donnés aux femmes, &c. L'auteur trouve entr'eux & les Italiens un autre trait de ressemblance que la bienséance m'oblige de supprimer. Les François ressemblent beaucoup aux anciens Persans. Ils aiment le faste, l'ostentation & les équipages. Ils sont attachés à leurs Rois & ont pour ses volontés une entière soumission. Ils sont affables, polis, inconstans, présomptueux & plus occupés de leur fortune particulière que de la gloire de leur patrie. Dès que le fort leur est favorable, ils tentent les plus grandes entreprises. Xerxès pensa réduire la Grèce entière sous son obéissance ; Louis XIV conduisit son armée victorieuse jusqu'aux portes d'Amsterdam. Quand la fortune leur est contraire, ils ne sçavent point se roidir contre les disgraces. La perte d'une première bataille annonce ordinairement une autre 8|9 défaite. Il y a eu un temps où Milord Marlborough & le prince Eugène jouoient le rôle d' Aléxandre , & Louis XIV représentoit celui de Darius , prince illustre, mais malheureux. Les Anglois ont les défauts & les vertus des Romains. « Ils méprisent les autres peuples & haïssent leurs voisins ; ils sont fiers, hautains & arrogans. Ils aiment les spectacles & les combats de gladiateurs ; & les jeux publics n'ont pour eux aucun appas, si le sang des hommes ou des animaux n'y est répandu. Voilà les défauts ; voici les vertus. Ils aiment les sciences & respectent les grands génies. Pope & Newton ont été aussi chéris & aussi honorés en Angleterre, que Térence & Ciceron le furent en Italie. Les Romains n'étoient pas plus jaloux de leur liberté, que les Anglois le sont de la leur ; ils ne versèrent pas plus de sang pour la conserver. L'intrépidité, la constance dans l'adversité, le mépris des richesses, l'amour de la patrie furent le partage des premiers ; les mêmes vertus entrent dans la caractère des derniers. Le courage des Anglois est connu de toute l'Europe, quant à leur fermeté dans les 9|10 malheurs, pour connoître jusqu'où elle va, il ne faut que jetter les yeux sur cette foule d'Anglois qui ont été forcés d'abandonner leurs biens & leurs païs par la ruine du parti qu'ils avoient embrassé. Combien y en a-t-il parmi eux qui meurent de faim en France en Espagne & en Italie, qui, pour être riches dans leur païs n'avoient qu'à changer de sentiment & se ranger du parti que favorisoit la fortune. Leur exil & leur pauvreté leur ont paru plus supportables que la douleur & la honte d'être obligés de feindre. Ce n'est qu'en Angleterre qu'il faut chercher des hommes, pour en trouver qu'on puisse égaler aux Romains. »
Benkiber entreprend de justifier les Princes les plus corrompus sur la plûpart des crimes dont on les accuse. On dit, par exemple, qu' Eliogabale avoit établi dans Rome un sénat de femmes qui décidoit de toutes les affaires qui concernoient le beau sexe ; mais le sénat prétendu dont les historiens ont fait tant de bruit, n'étoit autre chose qu'un Ordre de galanterie, comme on en a vû pendant long-temps parmi les Troubadours en Provence. La Cour d'Amour 10|11 est connue de tous ceux qui ont une légère teinture de l'histoire. On rapporte que ce même Empereur se promenoit par la ville dans un char traîné par quatre femmes toutes nues, qu'il conduisoit lui-même dans un état aussi indécent. Peut-être qu'étant yvre, il a pu se porter une fois à cet excès ; mais il n'est pas probable qu'il ait commis de sang froid une pareille extravagance. Le reproche que les historiens font à se Prince d'avoir débauché une Vestale, est plus vraisemblable. C'est un très-grand crime sans doute que de séduire une vierge ; mais combien de gens ont été dans le même cas, sans qu'on leur ait donné les noms injurieux qu'on a prodigués à Eliagabale . L'histoire la plus surprenante qu'on ait écrite de cet Empereur, c'est l'opération qu'on veut qu'il se soit fait faire pour devenir femme. Voici ce qui peut avoir donné lieu à ce conte ridicule. Cet Empereur s'habilloit souvent en femme ; il se fardoit & il imitoit toutes leurs manières. Quelqu'un aura dit qu'il ne lui manquoit pour être femme entièrement que de se faire faire cette opération ; un écrivain aura outré cette pensée, & d'un coup de plume il aura 11|12 mutilé ce Prince. Dix autres auront copié ce premier. Voilà comme les mensonges se perpétuent.
Parmi les héros qui se sont élevés au-dessus des autres hommes dans l'antiquité & dans ces derniers siècles, il y en a eu autant qui sont nés dans un état abject que dans un rang distingué. C'est ce que l'auteur entreprend de prouver par une infinité d'exemples. Isicratès , fils d'un savetier d'Athênes, devint un grand général dans qui Epaminondas trouva un adversaire redoutable. Artaxerxès , roi de Perse, lui confia le commandement de son armée lorsqu'il voulut faire la guerre aux Egyptiens. Ptolomée , qui après la mort d' Aléxandre eut en partage l'Egypte & la Syrie, étoit fils d'un simple Ecuyer. Eumènes , le plus grand capitaine du Roi de Macédoine, n'étoit que le fils d'un charretier. Le père du premier Tarquin , Roi de Rome, étoit un marchand de Carinthe. Servius Tullius nâquit d'une servante Marius étoit né dans le village d'Arpin d'une famille très-obscure. Ventidius , un des plus grands capitaines qu'ayent eu les Romains, avoit été ínulerier, ensuite soldat. La naissance d' 12|13 Arsace , Roi des Parthes, étoit si basse, qu'on n'a jamais pû connoître ses parens. Agatocles , Roi de Sicile, étoit le fils d'un potier. Le courageux Viriat qui tant de fois défit & battit les Romains, avoit pour père un pauvre berger avec qui il avoit lui-même gardé quelque temps les troupeaux en Espagne. L'Empereur Pertinax étoit fils d'un artisan, Dioclétien d'un libraire, Valentinien d'un cordier, Probus d'un jardinier, Maximien d'un serrurier, Lamusie , troisième Roi des Lombards, d'une femme publique, Primislas Roi de Bohême, d'un laboureur. L'histoire ou la fable de ces deux derniers Princes, est assez singulière. La mère du Roi Lombards accoucha de trois enfans à la fois. Se trouvant embarrassée pour les nourrir, elles les jetta dans un fosse & les abandonna. Le Roi Agelmond passant près delà, vit ces trois enfans, dont deux étoient déjà morts ; il toucha le troisième avec le bout de sa lance, soupçonnant qu'il étoit encore en vie. Dès que l'enfant sentit la lance, il la prit avec sa main. Le Roi ordonna qu'on le retirât du fossé & qu'on eût soin de l'élever. Il le fit nommer Eamusie , parce que le lieu où 13|14 il avoit été trouvé s'appelloit Lama . Dans la suite la fortune lui devint si favorable, & il sçut si bien s'attirer l'amitié des peuples & des soldats, qu'il fut élu Roi des Lombards. Les Bohémiens ne pouvant s'accorder entr'eux pour l'élection d'un Roi, convinrent de lâcher dans la campagne un cheval sans bride & sans frein ; & de déférer la couronne à celui devant qui le cheval s'arrêteroit. Etant venu devant Primislas qui s'occupoit à labourer la terre, il s'arrêta auprès de lui. Dans l'instant cet homme est environné d'une multitude de Seigneurs qui lui ôtent sa charrue, & le reconnoissent pour Roi de Bohème. Ce qu'il y a de plus admirable, c'est que ce Monarque laboureur fut un très-grand Roi. Il institua plusieurs loix très-sages. C'est lui qui a fait entourer de murailles la ville de Prague. Quant aux écrivains & aux auteurs célébres, les plus distingués d'entr'eux ont tous en des parens pauvres & de basse condition. Le père de Démosthéne étoit forgeron, celui de Virgile boulanger ou potier, celui d' Horace affranchi, celui de Théophraste fripier, celui du fameux Amiot corroyeur, celui de la Motte chapelier, celui de Rousseau 14|15 cordonnier, celui du P. Massillon tanneur, &c.
L'auteur, dans une de ses lettres, regrette les temps heureux de la Grèce & de Rome, où ceux qui se distinguoient par leurs connoissances étoient estimés des plus grands Seigneurs, & souvent plus honorés du peuple que les premiers de la République. « Platon ayant été voir Denys le tyran, ce Prince alla au-devant de lui & le fit mettre dans son char. Un grand Seigneur aujourd'hui aura souvent plus d'attention pour son cuisinier que pour le premier astronome & le premier métaphysicien de l'Europe. Aléxandre ayant ordonné de raser la ville de Thèbes, voulut qu'on épargnât la maison du poëte Pindare . Aujourd'hui un Maréchal de France qui feroit ruiner une ville, épargneroit plutôt la maison d'un maltotier que celle de Voltaire on de Crébillon . Des Athéniens , faits prisonniers à Syracuse, récitèrent quelques scènes d' Euripide qu'ils sçavoient par cœur, & obtinrent leur liberté pour récompense. Si un soldat prisonnier s'avisoit d'aller reciter actuellement des vers de Racine au général ennemi, le 15|16 moins qui pût lui arriver seroit d'être chassé comme un fou. Mithridate fit ériger une statue à Platon , les Athéniens rendirent le même honneur à Démosthènes ; Paris n'est rempli que de portraits des fondateurs d'Ordres. Aristote reçut d' Aléxandre , pour son histoire des animaux, près de cinq cens mille écus de notre monnoie. Voilà plus d'argent dans un seul article, que n'en ont reçu en France tous les Sçavans depuis François I . Le fils de l'Empereur Sévère fit donner à un poëte autant de pièces d'or qu'il y avoit de vers dans un poëme qu'il lui présenta. Louis XIV ne donna jamais que deux mille francs de pension à Corneille ; ce n'étoit guères payer ses vers qu'un sou pièce. L'Empereur Gratien donna le consulat au poëte Ausone ; Molière obtint une charge de tapissier chez le Roi. Il y avoit autant de différence entre le mérite de Molière & celui d' Ausone qu'entre un Consul Romain & un maître tapissier, &c ».
A l'occasion des Menechmes , comédie de Regnard , M. le Marquis d' Argens fait mention de la plûpart des ressemblances 16|17 extraordinaires dont il est parlé dans les histoires anciennes & modernes. Sémiramis ressembloit si fort à Ninus son fils, que le Roi son époux étant mort, elle s'habilla en homme, & s'offrant aux grands du royaume sous le nom de Ninus , elle gouverna pendant quarante années, dit l'auteur, sans que son imposture fût découverte . Il y avoit dans la cour d' Antiochus , Roi de Syrie, un nommé Artémius qui lui ressembloit si parfaitement, que ce Prince ayant été empoisonné par sa femme, cette Reine, pour cacher son crime, engagea Artémius à occuper pendant quelques jours le lit du Roi qu'elle disoit être très dangereusement malade. Ce fourbe fut visité de tous les grands du royaume, sans qu'aucun d'eux se doutât de l'imposture, & il joua si bien son rôle qu'il fit un testament comme souverain, dans lequel il nomma la Reine pour lui succéder. Quelquefois la nature pousse le miracle jusqu'à une troisième ressemblance, telle que celle qui étoit entre Pompée & deux citoyens Romains nommés Vibius & Publicius . Dès qu'on voyoit paroître ces deux hommes quelque part, le premier mouvement étoit 17|18 de se lever & de leur rendre les honneurs dûs à ce général. Vous sçavez, Monsieur, la réponse que fit à Auguste un jeune étranger qui lui ressembloit beaucoup. Ce Prince lui ayant demandé en plaisantant, si sa mère n'étoit jamais venue à Rome ? Non , répondit le jeune homme qui sentit où tendoit la question, mais mon père y est venu plusieurs fois .
M. le Marquis d'Argens demande dans une autre lettre si un Prince laid peut être aimé & estimé de ses sujets. Il y a des pays & il y a eu des temps où il n'auroit excité que leur haine & leur mépris. Ferdinand , Roi d'Espagne, suivoit une procession solemnelle qui se faisoit dans la ville de Barcelonne ; un Espagnol trouva le moyen de se glisser au milieu des Seigneurs dont ce Prince étoit environné, & lui donna un coup de poignard. On arrêta l'assassin, & dans la question, il persista à dire qu'il n'avoit eu d'autre motif d'assassiner le Roi que celui de sa laideur qui lui étoit insupportable. Il ajoûta que si on lui rendoit la liberté, il n'en feroit usage que pour achever d'ôter la vie à ce Prince, trop laid pour commander à des Espagnols. 18|19
Outre les matières de religion, de morale, de littérature, de commerce, de physique, de médecine même, &c, qui sont traitées dans cet ouvrage en forme de lettres, il y en a d'autres qui fournissent les sujets d'une infinité de dialogues. Les principaux interlocuteurs sont Cartouche & le père Guignard , Spinosa & Mariana , Hercule & Thésée , Luther & saint Ignace , Diogène & le père Girard , saint Bernard & le ministre Jurieu , l' Aretin & Sanchez , le cardinal de Bissy & M. Colbert évêque de Montpellier, le cardinal de Richelieu & le cardinal Mazarin , une jeune femme & une fille coquette, un libraire de Hollande & un libraire de Paris, un Sylphe & l'ame d'un Magistrat, le même & plusieurs Saints nouvellement canonisés, Astaroth & un Théologien, deux auteurs, deux Hollandois, &c. Vous voyez, Monsieur, par la variété des personnages, la diversité des matières sur lesquelles s'est exercé M. d'Argens . Il a soin de faire toujours parler ses acteurs sur les sujets qui leur étoient les plus familiers, ce qui marque une grande étendue de connoissances, & peut satisfaire toutes sortes de lecteurs ; vous y 19|20 trouverez quelques lettres un peu trop sérieuses & d'autres où l'auteur s'est un peu trop livré à son antipathie contre les moines. Les reproches qu'il ne cesse de leur faire, dégénerent en des déclamations quelquesfois injustes & toujours déplacées.
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