Compte rendu des Lettres juives, cabalistiques et chinoises, in: La Religion vengée, ou Réfutation des auteurs impies, tome XVIII, A Paris, chez Chambert et hérissant, 1762, p. 34-323 (extrait):
Les auteurs de La religion vengée, proches du Journal de Trévoux, consacrent chaque volume de leur collection à un disciple de Bayle ou à un des nouveaux philosophes. Aprés Voltaire, Toussaint, d'Alembert, Diderot et beaucoup d'autres voici d'Argens disséqué en 16 lettres sur presque 300 pages, bienqu'il soit considéré comme un des représentants moins dangereux de la secte philosophique:
"Un Ecrivain célèbre & digne de sa célébrité par ceux de ses écrits où il n'est point sorti de sa sphère, a servi à notre Auteur dans ses attaques contre la religion: on peut même dire qu'à cet égard, celui-ci a surpassé son modèle [= Bayle, H.U.S.]. Il emprunte de lui tout ce qu'il peut, & il l'encense presque toujours en disciple reconnaissant: il ne veut cependant 36|37 pas convenir que ce soit en adorateur aveugle. mais s'il est quelquefois d'un avis contraire au sien, ce n'est guères que dans les choses indifférentes à la Religion.
Il seroit difficile, Monsieur, d'exprimer jusqu'où va la tendresse de cet Auteur pour ses propres Ouvrages. C'est une lionne en fureur qui met en pièces quiconque ose approcher trop près de ces petits: & qui croiroit que cette fureur est celle d'un homme qui ne cesse de prêcher la modération philosophique? Ce contraste sera le sujet d'une Lettre particulière.
Ne confondond pas toutefois cet Ecrivain avec les ennemis de la Divinité: il paroît en être au contraire un zélé partisan. Ne le rangeons pas non plus parmi les ennemis de la vertu: il ne raisonne que d'après la différence essentielle du juste et de l'injuste. Ne le taxons pas même de Déïsme: il reconnoît la Révélation. Qu'avons-nous donc à lui reprocher? De n'avoir pas sçu approfondir les principes qu'il admet; & soit précipitation, soit préjugé, de n'avoir pas 37|38 fait attention aux conséquences qu'il devoit en déduire.
La Raison doit jouir de ses droits, nous le sçavons; nous disons plus: c'est uniquement parce qu'on l'en laisse pas jouir, qu'elle s'égare. Suivons cette lumière divine: elle nous conduira infailliblement à JESUS-CHRIST, & conséquemment à son Eglise. Non, Monsieur, il ne faut que raisonner d'une manière suivie, pour atteindre , je ne dis pas seulement à la distinction du bien & du mal moral; à la connoissance d'un Dieu à celle de la Révélation Chrétienne en discutant les faits qui la prouvent, selon les règles d'une saine critique; je dis encore à la soumission qu'on doit à une Eglise qui ne se donne pour infaillibledans ses décisions dogmatiques, que parce que JESUS-CHRIST a voulu qu'elle le fût. Si la raison conduit à toutes ses vérités, comme il n'est pas douteux, il faut donc s'y rendre , ou renoncer à la qualité de Philosophe, ou prétendre que la Philosophie est opposé à la Raison si nous principes sont vrais, & nous serons autorisés à les croire tels, jusqu'à ce qu'onles ait combattus autrement que 38|39 par des boufonneries, des sarcasmes & des outrages; si, dis-je, nos principes sont vrais, en vengeant la Religion Chrétienne & Catholique, c'est donc la Raison elle-même que nous vengeons.
Nous trouvons, Monsieur, dans l'examen des lettres Juives, des lettres Cballistqiues & des Lettres Chinoises, un embarras que nous n'avons rencontré dans aucun autre Ouvrage des Incrédules. Ces Lettres sont une correspondance philosophique, historique & critique entre deux Rabbins, deux Caballistes, & deux Chinois. Souvent les choses qu'ils s'écrivent, sont de vraies disputes, bien qu'on leur en ait ôté l'air & le ton. Ce sont des objections proposées & des réponses à ces objections. Sont ce les objections, sont-ce les réponses qu'il faut attribuer à l'Auteur? La question n'est pas facile à résoudre. ... "
La 'Table des Lettres contenues dans ce XVIII. Volume' de La religion vengée précise les points principaux auxquels s'étaient heurtés les critqiues catholiques de l'oeuvre de d'Argens:
Lettre IV |
Réfléxions générales sur les Lettres Juives, les Lettres Caballistiques, & les Lettres Chinoises |
p. 34 |
Lettre V |
De quelle religion est l'Auteur |
p. 47 |
Lettre VI |
Examen de la Morale de l'Auteur |
p. 73 |
Lettre VII |
Où l'on examine ce que l'Auteur dit de la religion Chrétienne |
p. 92 |
Lettre VIII |
Mauvaises plaisanteries de l'Auteur, touchant l'autorité de l'Eglise dans ces décisions |
p. 99 |
Lettre IX |
Principes & méthode de Foi de l'Auteur |
p. 112 |
Lettre X |
Examen de ce que dit l'Auteur en faveur du pirrhonisme considéré en lui-même |
p. 133 |
Lettre XI |
Sur quel fondement l'Auteur taxe-t-il de pirrhonisme les Ecrivains sacrés? |
p. 143 |
Lettre XII |
L'Auteur est-il mieux fondé à taxer de pirrhonisme les SS. Peres? |
p. 157 |
Lettre XIII |
Réfléxions sur ce que l'Auteur nous dit de l'état des Sciences en France, relativement à la Religion |
p.166 |
Lettre XIV |
Réfléxions sur la facilité avec laquelle l'Auteur prétend que tous les hommes peuvent parvenir au Ciel |
p. 179 |
Lettre XV |
Où l'on examine ce que dit l'Auteur contre l'invocation des Saints, & contre le culte rendu à leurs images ou à leurs reliques |
p. 213 |
Lettre XVI |
Où l'on examine ce que dit l'Auteur touchant le Purgatoire |
p. 244 |
Lettre XVII |
Où l'on examine ce que l'Auteur dit de la Métempsycose |
p. 261 |
Lettre XVIII |
Suite de la Lettre précédente, touchant la Métempsycose |
p. 283 |
Lettre XIX |
Où l'on examine ce que l'Auteur dit de la Résurrection |
p. 302 |
Lettre XX |
Examen de ce que dit l'Auteur touchant les peines des méchans dans l'autre vie |
p. 323 |
|