Compte rendu de La défense du Paganisme par l'Empereur Julien*, dans : Gazette littéraire de l'Europe, Tome 1 (1764), p. 306-308 :
La défense du Paganisme par l'Empereur Julien, en Grec & en François, &c. A Berlin, chez C. Voss,1764.
Ce Traité, dont le savant P. Petau croyoit que la 306|307 Religion pouvoit tirer les plus grands avantages, n'étoit encore connu que par la réfutation qu'en a faite S. Cyrille, qui l'a inséré par lambeaux dans un grand Ouvrage destiné à défendre le Christianisme.
M. le Marquis d'Argens en a rapproché les différentes parties, & après avoir donné ses soins à ce que le texte parût dans toute sa pureté, il l'a accompagné d'une bonne traduction & d'une quantité considérable de remarques presque uniquement employées à combattre Julien & à défendre la Religion Chrétienne. L'objet de M. d'Argens, en publiant cet Ouvrage vraiment intéressant pour tout ceux qui cherchent à connoître l'histoire de l'esprit humain, a été de prouver la nécessité de la tolérance. Nous observerons à ce sujet que Julien étoit livré à tout le fanatisme de la Philosophie Eclectique; qu'il donna dans tous les excès de la superstition; que s'il fut revenu vainqueur de son expédition contre les Parthes, les victimes, disoit-on, lui auroient manqué, tant il en avoit égorgé, soit pour lire dans leurs entrailles quel seroit le sort de ses armes, soit pour se rendre les Divinités propices; que, comme Plotin, Porphyre & Iamblique, il se vantoit d'avoir un commerce immédiat avec les natures célestes, & que cependant ce Prince, tout superstitieux, tout fanatique qu'il étoit, n'employa jamais la violence, encore moins les tourmens, pour obliger les 307|308 Chrétiens à changer de Religion. Il avoit appris du vertueux Libanius que les remedes violens pouvoient bien emporter certaines maladies; mais que les préjugés sur la Religion ne pouvoient être détruits ni par le fer ni par le feu.
* par Voltaire - cf. texte dans OEUVRES COMPLÈTES DE VOLTAIRE, éd. Beuchot, Mélanges IV (1763-1766) |