Louis Mayeul Chaudon : Nouveau dictionnaire historique-portatif, ou histoire abrégé de tous les hommes, qui se sont fait un nom par des talens, des vertus, des forfaits, des erreurs, &c. &c. depuis le commencement du monde jusqu'à nos jours : ouvrage dans lequel on expose sans flatterie & sans amertume, de que les écrivains les plus impartiaux ont pensé sur le génie, le caractère & les mœurs des hommes célèbres dans tous les genres ; avec des tables chronologiques pour réduire en corps d'histoire les articles répandus dans le dictionnaire. Tome 1, Supplément, Amsterdam : Marc-Michel Rey, 1774, p. 5-6 :
ARGENS, (Jean-Baptiste de Boyer, Marquis d') naquit en 1704, à Aix-en-Provence, du Procureur Général au Parlement de cette Ville. <5|6> Ses talens se développèrent dès son enfance. Son père auroit voulu qu'il les eût consacrés à la Magistrature ; mais son caractère bouillant & porté aux plaisirs, lui fit désirer de servir. Il entra dans le régiment de Richelieu , & se trouva en qualité de Capitaine au siege de Philisbourg. Dégoûté de la profession militaire, il passa en Hollande , où sa plume s'exerça sur divers sujets. Frédéric étant monté sur le Trône, l'appella auprès de lui , & se l'attacha en qualité de Chambellan. Après avoir passé environ vingt-cinq ans auprès de ce Monarque, il tourna ses regards vers sa patrie , & revint à Aix, où il vécut en Philosophe. La mort le surprit au Château de la Baronne de la Garde , sa sœur, à la fin de 1770. Le Marquis d'Argens avoit une ardeur de savoir, qui s'étendoit à tout. Il possédoit plusieurs langues, il se mêloit de Chimie & d'Anatomie ; il peignoit assez bien. Ses ouvrages sont connus du public. Les principaux sont : I. Les Lettres Juives , les Lettres Chinoises , & les Lettres Cabalistiques , qu'on à réunies avec la Philosophie du bon sens , sous le titre d' Œuvres du Marquis d'Argens , 1768, 24 vol. in-12°. La Religion est peu respectée dans ce Recueil, & les Ministres de la Religion y sont déchirés d'une manière non-seulement peu convenable, mais révoltante. Il y a d'ailleurs de l'érudition, des recherches, quelques bonnes réflexions ; mais le style est trop diffus & manque de nerf. Sa plume étoit plus facile qu'énergique.
II. Un grand nombre de Romans, entièrement oubliés. Le seul dont on se souvienne est celui qu'il publia sous le titre de Mémoires du Marquis d'Argens , & les faits qui y sont racontés ne méritent guère de passer à la postérité. III. Les traductions de grec en françois d'Ocellus Lucanus, de Timée de Locres , & du Discours de Julien sur le Paganisme. Ces versions ne sont pas toujours exactes , & la dernière est peu favorable au Christianisme.
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